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ARTE – MERCREDI 7 AOÛT À 23 H 00 – DOCUMENTAIRE
Brighton, samedi 6 avril 1974. La station balnéaire anglaise accueille la dix-neuvième édition du Concours Eurovision de la chanson. Deux couples de Suédois, costumés de manière improbable et chantant en anglais, font un triomphe avec Waterloo et remportent l’épreuve.
Un an auparavant, ce même quatuor, inconnu du grand public, avait déjà participé à l’Eurovision. Mais avec Ring, Ring, la Suède ne s’était classée que troisième. C’est donc à Brighton que l’Europe tombe sous le charme d’ABBA. Et durant les neuf années suivantes, jusqu’à la séparation du groupe, le monde entier va succomber à cette disco pop incroyablement bien produite.
Ce documentaire américain inédit n’est pas le premier à se pencher sur le phénomène. Mais il sort du lot grâce à d’épatantes archives filmées des années 1970 (télévision suédoise, BBC, ITV) et aux témoignages instructifs : ceux des quatre principaux intéressés (Björn Ulvaeus, Benny Andersson, Agnetha Fältskog et Anni-Frid Lyngstad), mais aussi ceux des producteurs, arrangeurs, réalisateurs, qui ont contribué au succès phénoménal d’ABBA.
Autre aspect intéressant du documentaire : les relations parfois compliquées entre le groupe et l’opinion publique suédoise : « Dans les années 1970, beaucoup de nos compatriotes nous reprochaient de gagner trop d’argent », rappelle Benny Andersson.
Le plus fascinant est sans doute de découvrir les méthodes de travail mises en œuvre pour aboutir à des tubes imparables. Dans les années 1970, les deux couples composent la plupart de leurs chansons dans une cabane située sur une île, près de Stockholm, où chacun possède une maison. « On composait vingt-quatre heures sur vingt-quatre, on se sentait libres dans cet environnement. »
Mais ABBA au boulot, c’est surtout un travail en studio méticuleux, avec des ingénieurs du son qui font des miracles, maîtrisant les arrangements avec brio : voix et guitares doublées, le son ABBA est un modèle de production musicale efficace. « On a été bercés par la musique américaine et britannique, la variété allemande, la chanson française, les balades italiennes. On a combiné toutes ces influences pour en faire de la pop », souligne Benny Andersson.
Et quelle pop ! Les tubes s’enchaînent, et Dancing Queen, leur plus grand succès, sorti en 1976, continue des décennies plus tard d’affoler les pistes de danse. De bonnes voix, une bonne chanson, une bonne production, la recette nécessaire au succès et parfaitement maîtrisée.
Les séparations vécues par les deux couples ne marqueront pas la fin de l’aventure. « On a écrit certaines de nos plus belles chansons après avoir divorcé », estime Björn Ulvaeus, prenant The Winner Takes It All comme exemple.
Le groupe s’est séparé, et pourtant ABBA est toujours là : la création, en 1999, de la comédie musicale Mamma Mia !, basée sur vingt-sept de ses chansons, est un triomphe. Puis l’adaptation cinématographique de Mamma Mia !, avec Meryl Streep et Pierce Brosnan, en 2011, attire un nouveau public de fans.
ABBA à l’infini ? En 2022, le public londonien se précipite dans la nouvelle ABBA Arena pour assister à un spectacle créé sur des hologrammes du quatuor. Difficile de résister, ABBA emporte tout depuis un demi-siècle.
ABBA Silver, ABBA Gold, de Chris Hunt (EU., 2023, 52 min).
Alain Constant
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